L’évolution par sélection naturelle peut être observée en temps réel. L’étude des pinsons de l’île de Daphne Major révèle comment des traits avantageux se propagent au sein d’une population en réponse à des changements environnementaux drastiques.
Dans cet article :
Comprendre l’évolution en action : le cas des pinsons des Galapagos
L’évolution par sélection naturelle est un concept fondamental en biologie, mais peut-on vraiment la voir en action? La réponse est oui, et l’exemple des pinsons des Galapagos est parfait pour l’illustrer. Commençons par quelques notions de base qui expliquent pourquoi et comment certaines espèces évoluent.
Les bases de l’évolution par sélection naturelle
Pour comprendre l’évolution, il faut d’abord reconnaître que tous les individus au sein d’une espèce ne sont pas identiques. Il existe une grande variation au sein des populations, ce qui signifie que certains traits peuvent donner un avantage à certains individus par rapport à d’autres. De plus, les descendants tendent à ressembler à leurs parents grâce à des variations héréditaires transmises par les gènes. Enfin, la nature produit souvent plus de descendants que ceux qui peuvent survivre jusqu’à l’âge adulte et se reproduire.
Ces observations ont conduit Charles Darwin à formuler sa théorie de l’évolution par sélection naturelle. En résumé, des individus ayant des traits avantageux sont plus susceptibles de survivre et de se reproduire, augmentant ainsi la fréquence de ces traits dans la population au fil du temps. De cette façon, les traits bénéfiques deviennent plus communs, tandis que les traits désavantageux deviennent plus rares.
Évolution directionnelle, disruptive et stabilisatrice
Il existe plusieurs types de sélection naturelle. La sélection directionnelle favorise un trait particulier qui devient de plus en plus dominant dans la population. La sélection peut aussi être disruptive, favorisant deux extrêmes différents d’un trait et menant à la formation de deux populations distinctes. Enfin, la sélection stabilisatrice agit pour maintenir la situation actuelle en sélectionnant contre les variations extrêmes.
Ces mécanismes peuvent être observés dans la nature, comme nous le montre l’étude des pinsons sur l’île de Daphne Major.
Le cas fascinant des pinsons de l’île de Daphne Major
Depuis les années 1970, des chercheurs comme Peter Grant et Peter Boag ont étudié en détail la population de pinsons Geospiza fortis sur la petite île de Daphne Major, une des îles Galapagos. Ces chercheurs ont mesuré et suivi presque tous les individus de cette espèce sur l’île, enregistrant des données comme la masse, la longueur des ailes et surtout la taille du bec.
Les premières années de l’étude étaient relativement normales avec une pluie saisonnière régulière, ce qui permettait aux populations de pinsons de prospérer. Cependant, en 1977, une sèche intense a frappé l’île, réduisant drastiquement les précipitations et affectant gravement la population de pinsons.
Impact de la sécheresse et sélection naturelle en action
La sécheresse a entraîné une pénurie alimentaire sévère, provoquant une chute de 85 % de la population de pinsons en une seule saison. Les pinsons qui ont survécu étaient principalement ceux avec des becs plus grands, capables de casser les graines plus grosses qui étaient tout ce qui restait à manger. Ce phénomène est un exemple clair de sélection directionnelle où un trait particulier – ici, un bec plus grand – est favorisé dans un environnement changeant.
Mais pourquoi n’y avait-il pas que des grands pinsons avec des grands becs dès le départ? Les chercheurs ont découvert que lors des années particulièrement pluvieuses, les petites graines étaient plus abondantes, favorisant les pinsons avec des becs plus petits. Cela montre que la sélection naturelle peut favoriser différents traits en fonction des conditions environnementales, un phénomène connu sous le nom de sélection oscillante.
Importance des études à long terme en biologie évolutive
Les résultats obtenus sur Daphne Major démontrent non seulement que nous pouvons observer l’évolution en action, mais aussi que les études à long terme sont essentielles pour comprendre pleinement les dynamiques de sélection naturelle. Sans des décennies de données, il aurait été impossible de saisir les subtilités de la sélection oscillante qui favorise alternativement différentes morphologies de bec en fonction des conditions climatiques.
Ce cas des pinsons des Galapagos est une démonstration éloquente de la manière dont la nature s’adapte et évolue continuellement, illustrant la complexité et la beauté des processus évolutifs.
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